Horloge de Gentilhommière en merisier – XVIIIᵉ siècle – Périgord

La quête millénaire de la mesure du temps va s’affranchir de la course du Soleil et de l’écoulement de l’eau pour basculer, au Moyen-Âge, dans l’univers de la précision.
Vers 1292, l’existence d’une des premières horloges mécaniques est attestée grâce à sa mention dans le célèbre roman « Le Roman de la Rose ».

Et si, auparavant, les horloges astronomiques rythmaient au cœur des monastères et sur les tours des cathédrales les heures de prière des fidèles, avec l’essor des horloges mécaniques publiques, c’est toute la vie sociale qui dans chaque ville ou village va être chronométrée. Les puissants vont ravir au Clergé les « clefs » du temps pour mieux contrôler leurs sujets.

Dans un troisième temps, à partir du XVIIᵉ siècle, les horloges « à porter » vont investir les foyers.

C’est à Morbier dans le Jura que l’horlogerie française s’implantera, à deux pas de la Suisse experte en la matière.

À l’époque, ce sont des colporteurs qui transportent et font commerce de ces précieux mécanismes d’horlogerie, tandis que les caisses sont fabriquées sur place par des artisans chargés d’habiller élégamment ces joyaux.

Comme pour l’ensemble du mobilier, les fameux menuisiers en meubles, comme on les appelle alors, rivalisent de créativité pour apporter leur touche personnelle dans l’interprétation des styles émanant de la Cour. Chacune de ces horloges mérite ainsi d’être attentivement examinée pour révéler son caractère.

Conçue à la fin du XVIIIᵉ siècle, cette grande horloge élancée se dresse ainsi sur une caisse en merisier créée par un menuisier en meubles du Périgord. Elle a conservé sur son cadran d’origine deux précieuses indications : COLY Alph^se – à Roanne, c’est-à-dire le nom de l’horloger Alphonse Coly et le lieu de son atelier, Roanne dans la Loire.

Pour décrire plus précisément son charme et sa façon, on remarque au premier coup d’œil, les courbes chantournées de la corniche et de la cimaise qui mettent en valeur le cadran en tôle émaillée.

De plus près, on observe, en façade et jusque sur les côtés, de délicates frises sculptées de motifs perlés.

Les deux portes sont ornées de panneaux moulurés épousant des formes géométriques arrondies.

Autant de raffinements qui évoquent sa fabrication, à la fin du XVIIIᵉ siècle, sous l’influence encore prégnante du style Louis XV.

Pour autant, d’autres indices plus discrets nous conduisent à penser qu’elle est à sa manière « révolutionnaire ». Sur la partie moulée en bronze nommée le « couronnement », on reconnaît un soleil porté par deux angelots et, juste en dessous, trois petits bonnets phrygiens stylisés, emblèmes de la française Révolution.

Peut-être sont-ce ces symboles qui lui ont épargné la fin tragique de nombre d’œuvres antérieures, détruites en raison de leur style entièrement dédié aux précédentes monarchies.

Prix : sur demande.
Dimensions
Largeur : 50 cm, hauteur : 254 cm, profondeur : 35 cm.
Référence : [ME057]