SAINT HUBERT RENONCE À LA CHASSE POUR APPARTENIR À DIEU
Chez Aux-Rois-Louis, nous sauvegardons et nous proposons à la vente ou à la location, pour les particuliers comme pour les cinéastes, des trésors du mobilier régional français des siècles passés. Nous considérons que les réemployer est aussi une façon d’éviter de surproduire et de surexploiter, notamment les forêts. Nous nous efforçons de resituer ces pièces authentiques dans leur contexte historique réel, et, chemin faisant, nous balayons après vérification certaines contre vérités tenaces. Saint Hubert, canonisé en l’an 743, devenu au fil du temps et de façon particulièrement incongrue saint patron des chasseurs est, à ce titre, un cas d’école. Petit retour sur une légende exploitée manifestement à rebrousse poil…
TROP OCCUPÉ DE VÉNERIE POUR ADORER AUCUN DIEU !
C’est au moment où il allait porter le coup de grâce qu’un crucifix lui apparut entre les andouillers ! Les andouillers de qui, allez-vous me dire ? Ceux d’un très rare cerf blanc qui, faisant volte face, allait faire basculer sa vie.
Hubert de Liège, descendant de Clovis, membre de la haute noblesse franque d’Aquitaine du VIIᵉ siècle, était à ce point obsédé par la chasse qu’il en avait oublié ses devoirs chrétiens et s’était lancé follement à la poursuite d’un grand cerf dix cors, un vendredi saint. Brusquement, le cerf majestueux qu’il traquait depuis des heures se retourna et se campa bravement face à lui. Hubert en tomba de son cheval, ses chiens se tapirent à ses pieds. C’est alors que, selon la légende, Jésus crucifié, nimbé de lumière, lui apparut entre les bois du cervidé et s’adressa à lui en ces termes :
« Hubert ! Hubert ! Jusqu’à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts ? Jusqu’à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton âme ?
Hubert, saisi d’effroi, se jeta à terre et, comme Saint Paul, il interrogea la vision :
– Seigneur ! Que faut-il que je fasse ?
– Va donc, reprit la voix, auprès de Lambert, mon évêque, à Maëstricht. Convertis-toi. Fais pénitence de tes pêchés, ainsi qu’il te sera enseigné. Voilà ce à quoi tu dois te résoudre pour n’être point damné dans l’éternité. Je te fais confiance, afin que mon Église, en ces régions sauvages, soit par toi grandement fortifiée.
Et Hubert de répondre, avec force et enthousiasme :
– Merci, Ô Seigneur. Vous avez ma promesse. Je ferai pénitence, puisque vous le voulez. Je saurai en toutes choses me montrer digne de vous !Et c’est ce qu’il fit. Il se rendit auprès de Lambert, évêque de Maëstricht, qui le reçût avec joie. Il implora sa protection, l’assurant qu’il voulait consacrer à Dieu le reste sa vie commencée dans l’impiété. Hubert abandonna palais et richesses, renonçant à toutes les vanités de ce monde. Il parvint même à oublier entièrement le trouble enivrant qui l’agitait lorsqu’il allait à la chasse, cette chasse qui n’avait été pour lui qu’une illusion de bonheur agréable et dangereuse. Il fut inhumé en Saint, en la collégiale Saint-Pierre de Liège, en l’An 727.
De façon bien étrange, il est considéré aujourd’hui comme le saint patron des chasseurs, alors même que sa biographie décrit une déprise de cette pulsion délétère au profit d’un retour à la foi dans une vie austère faite de prières, sans plus aucune nécessité de tuer le moindre gibier.
C’est l’un des paradoxes de la chasse, le fantasme d’une nature vénérée que l’on parvient à combiner avec une irrépressible soif de tirer sur toutes les formes de vie animale et sauvage. Il est intéressant d’ailleurs de remarquer que Saint Hubert, de façon bien plus légitime, est aussi considéré comme le saint patron protecteur des animaux des forêts, lui qui, si l’on se réfère à sa légende, a été détourné de la chasse par un cervidé auréolé de la grâce divine.
En résumé Saint Hubert, lors de sa rencontre extraordinaire avec un rare cerf blanc au front orné d’un lumineux crucifix, n’a pas été converti par lui à la chasse, mais exactement à son contraire.
Hubert devint saint en renonçant au péché mortel de la chasse pour entrer au monastère et sauver son âme ainsi que celle de ses congénères.
Armoirette de Saint Hubert en chêne – Louis XIII – XVIIᵉ siècle – Aquitaine – [ME149]
Dimensions :
Largeur : 63 cm, Hauteur : 60 cm, Profondeur : 27 cm
Référence : [ME149]
Pourquoi invoquer Saint Hubert comme saint patron des chasseurs quand il a justement arrêté de chasser au moment de son entrée dans les Ordres ? Passionnante question. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ce bel article de la Fraternité pour le Respect Animal :
Extrait :
Saint Hubert, malgré l’interprétation courante mais erronée qui a été faite de sa rencontre extraordinaire avec un cerf blanc au front orné d’un « crucifix » n’a pas été converti par lui à la chasse, mais exactement à son contraire. Le noble animal – forme surnaturelle du Christ – lui enjoignant alors de renoncer à traquer les animaux des bois, et donc, de renier la chasse, en tant que « péché mortel ».
https://fra-respect-animal.org/saint-hubert-patron-de-la-chasse-une-interpretation-erronee
Saint Hubert touché par la grâce renonce à la chasse face à un cerf majestueux.
Dans l’église Saint-Lubin de Rambouillet se trouve une œuvre du XVIIIe siècle réalisée sur commande royale afin d’orner la chapelle du château Saint-Hubert, château royal aujourd’hui disparu. Descendu de sa monture, le jeune seigneur agenouillé, au centre de l’image, est en adoration devant le cerf de couleur blanche qu’il poursuivait un instant auparavant. Une croix portant le Crucifié, dressée entre les bois de l’animal, envoie un faisceau de rayons dorés vers Hubert, converti par cette vision miraculeuse à ne plus chasser et à se consacrer exclusivement à Dieu pour assurer le salut de son âme.
On observe sur cette œuvre splendide la lance et le cor du chasseur qui gisent à terre, aux pieds du futur saint, dans une diagonale inverse qui offre un équilibre à la peinture et qui cadre l’action. La souplesse des drapés, dont les plis sont rendus avec beaucoup de maîtrise, fait écho à la superbe musculature du cerf. Cette œuvre est classée au titre des Monuments historiques depuis 1904.
Et pour vraiment connaître la légende de Saint-Hubert, c’est ici :
https://www.vitraux-begule.com/images/lieux_regions/maison_n_o/La_legende_de_saint_hubert.htm