Vierge au serpent en noyer polychrome – XVIIIᵉ siècle – Midi-Pyrénées – [ME116]
La Vierge terrassant le serpent est un grand classique de l’iconographie catholique de l’Immaculée Conception. Cette Vierge se présente debout, les bras largement ouverts. Elle est posée sur un demi globe terrestre autour duquel s’enroule un serpent. Elle l’écrase fermement de son pied nu. Pour autant, le visage de la Vierge Marie, légèrement incliné, est paisible, comme rasséréné. Elle est vêtue d’une longue robe et d’une toge. Une capuche recouvre son opulente chevelure aux ondulations marquées. L’expression du visage est délicatement rendue, les drapés joliment restitués et les teintes polychromes allant de l’ocre rouge au doré soulignent la finesse de cette œuvre mystique, sculptée dans une belle pièce de noyer.
Tentons à présent d’en comprendre la signification cachée.
On voit clairement que le serpent tient dans sa gueule une pomme. Qu’est-ce à dire ?
Au XVIIe, la Vierge s’impose comme l’Ève nouvelle, celle qui est parvenu à effacer la faute de la première femme sur Terre. Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) a ainsi consacré bon nombre de ses sermons à la Bienheureuse Vierge Marie, estimant que Dieu « du vieil Adam en a tiré un nouveau, et il a transfiguré Ève pour former Marie ». Car si Ève fut médiatrice du malheur puisque c’est par son entremise que l’antique serpent parvint à inoculer à l’homme son venin pestilentiel, la Vierge Marie, elle, est une médiatrice fidèle. Elle ouvre pour les hommes comme pour les femmes les portes du Salut. L’une fut l’instrument de la séduction, l’autre est la championne de l’apaisement. La première fut l’instigatrice de la transgression, la seconde inaugure la rédemption. Elle est cette femme venue broyer la tête de l’antique serpent qui pour les juifs et les chrétiens représente Satan et les forces du mal, et c’est en vain que le monstre aux mille ruses a tenté de la mordre au talon. D’ailleurs, au XVIIe siècle, dans une nouvelle interprétation de circonstances pour lutter contre la doctrine protestante, l’Église introduira dans le Rosaire ce verset d’une antienne du Moyen-Âge : « Réjouis-toi Marie, c’est toi seule qui as détruit toutes les hérésies ».
Dimensions :
Hauteur : 56 cm, Largeur : 32 cm, Diamètre : 21 cm.
Référence : [ME116]