La vie au temps des Rois Louis

Le règne de Louis XIII sera influencé sur le plan culturel par l’alliance entre son père Henri IV et sa mère Marie de Médicis qui insufflera dans tout le Royaume de France le raffinement des arts décoratifs apparus en Italie, berceau de la Renaissance. Plutôt que d’apporter des meubles et des objets d’art façonnés dans les meilleurs ateliers transalpins, la Cour de France propose aux artistes italiens de s’installer dans les ateliers du Louvre, à Paris. C’est dans ce contexte que le style Louis XIII, dont l’on situe les prémices dès la mort d’Henri III en 1589, s’épanouira véritablement dans tout le Royaume de France et de Navarre.
La Cour invitera les Seigneurs et leurs maîtres artisans régionaux à venir visiter le Palais du Louvre, afin de les associer à cette effervescence artistique. De retour dans leurs Provinces respectives, les ornemanistes, qui au passage ont fait l’acquisition de planches de motifs à la mode, les font exécuter dans leurs ateliers à leur façon, selon leurs propres interprétations. Le style Louis XIII a ainsi inspiré chacune des Provinces de France. Elles lui ont conféré le charme et la poésie de leur culture locale, composant un éventail de mobilier régional dont chaque pièce est unique en son genre.

Louis XIV manifeste un goût très sûr pour l’expression artistique sous toutes ses formes. Il décide avec sa cohorte d’architectes, de peintres et de décorateurs – Louis le Vau, Charles Le Brun, Jules Hardouin-Mansart – de faire édifier le Château de Versailles en lieu et place du pavillon de chasse construit à l’origine par Nicolas Huaut, pour Louis XIII. Sous le règne du Roi Soleil, le mobilier va se diversifier dans une recherche d’extravagance et de beauté. Le coffre se transforme en bahut spacieux, l’armoire devient majestueuse, la table précédemment sur tréteaux devient vaste table de réception où l’on festoie sur des sièges confortables : chaises, fauteuils, banquettes, tabourets, etc. La chambre s’équipe de lits à baldaquins recouverts d’étoffes précieuses. Dans les chambres, on installe les toutes premières commodes pour ranger le linge délicat.
Ces innovations dans l’aménagement intérieur s’imposeront comme la référence du bon goût à travers toute l’Europe. Elles se répandront progressivement dans l’ensemble des Provinces de France où les travaux de marqueterie nés à Paris feront place à la fabrication de meubles en bois massif, sculptés dans la masse, véritables morceaux de bravoure des menuisiers en meubles de l’époque.

Nous sommes au siècle des Lumières, mouvement intellectuel qui tire son nom de la volonté des philosophes européens de combattre les ténèbres et l’ignorance par la diffusion du savoir. La société toute entière aspire à la douceur de vivre et au raffinement. À l’intérieur des belles demeures, on recherche le confort et l’intimité en créant des salons de petite taille à usage dédié : boudoir, fumoir, salon de musique, de littérature, de philosophie et bureaux qui demandent autant de variété en terme de mobilier. On s’intéresse particulièrement aux sièges : siège à la reine, cabriolet, canapé, chauffeuse, etc. Les meubles de toilette naissent à cette période : table de toilette, commode de toilette, coiffeuse. On se poudre, on se pomponne. Sur chaque meuble, les formes se cambrent, s’adoucissent. La courbe devient ligne de conduite pour la fabrication des meubles de style Louis XV. Avec la chute de la monarchie, ce goût du mobilier Louis XV va s’étioler. L’excès d’une forme entraînant toujours une réaction inverse, après l’exubérance du curviligne, le goût du rectiligne reviendra à la mode, avec les découvertes archéologiques d’Herculanum et de Pompéi qui mettront au jour quantité de trésors antiques, de style classique. Au cours du XIXᵉ siècle, ces vestiges datant de l’Antiquité donneront le ton d’un nouveau style décoratif : le néo-classique qui connaîtra son apogée.