Trois contenants en cuivre de taille exceptionnelle : une énorme bouilloire, la tourtière assortie ainsi qu’un broc tout aussi imposant. Tous sont en cuivre rouge et datent du XVIIIe siècle, période au cours de laquelle ils ont été fabriqués selon les mêmes procédés dans le Sud Ouest de la France.
Trois contenants en cuivre de taille exceptionnelle : une énorme bouilloire, la tourtière assortie ainsi qu’un broc tout aussi imposant. Tous sont en cuivre rouge et datent du XVIIIe siècle, période au cours de laquelle ils ont été fabriqués selon les mêmes procédés dans le Sud Ouest de la France.
Bouilloire, Tourtière et Broc décalitre en cuivre rouge – XVIIIᵉ siècle – Sud Ouest – [MP035] [MP036] [MP037]

Vu l’énorme taille de ces ustensiles, bouilloire, tourtière et broc en cuivre, on croirait assister aux préparatifs du goûter de Gargantua. Un tombereau de thé, un monstre de gâteau et un non moins disproportionné pot à lait.

Dans la vaste cuisine de cette chartreuse, les gens de maison s’affairent avec ce type d’ustensiles pour préparer les repas des maîtres de lieux. Sur trois ou quatre générations, ils vivent tous sous le même toit et sont au minimum chaque jour une bonne vingtaine à table.

Différentes perspectives aériennes d'une Chartreuse du XVIIIe siècle entourée de sa borderie ou closerie.
Chartreuse du XVIIIe siècle entourée de sa borderie ou closerie

En réalité ces rares accessoires en cuivre rouge proviennent d’une riche famille de vignerons, autrefois à la tête d’un cru de renom dans les vignobles du Médoc. Un « Château » comme le veut la dénomination, bien qu’en l’occurrence cette maison de maître se présentait typiquement au XVIIIe siècle comme une chartreuse de plain-pied, abritant des caves voûtées spécialement conçues pour y faire vieillir le bon vin.

Situés chronologiquement entre les aïeux et les nouveaux nés, les hommes en âge de travailler occupent alors plusieurs fonctions. Il y a le régisseur du domaine, le maître de chai, le négociant en vin. Tous vivent et travaillent à demeure. À l’extérieur, battant les campagnes, l’un des fils est médecin, tandis qu’un autre se destine au Barreau et à rejoint l’Ordre des avocats de Bordeaux.

Peinture d'une jeune femme faisant sa toilette réalisée en 1771 par Willem-Joseph Laquy.
Peinture d'une jeune femme faisant sa toilette. Willem-Joseph Laquy, 1771. L’eau de ce bain du bout des pieds était chauffée au XVIIIe siècle grâce à de grosses bouilloires en cuivre.

Peinture d’une jeune femme faisant sa toilette réalisée en 1771 par Willem-Joseph Laquy. Collection du Rijksmuseum, Amsterdam, Licence cc-by-sa-4.0

Sur le plan alimentaire, ces familles bourgeoises bénéficiant d’une assise rurale étaient au XVIIIe siècle autosuffisantes, grâce à la fameuse « borderie » ou « closerie » intégrée à la propriété. Regroupant verger, potager et enclos pour les volailles, ces exploitations de 10 à 15 hectares étaient en général bordées de clôtures vives composées de haies d’arbres ou bordées de ganivelles assemblées en vannerie, l’une comme l’autre érigée afin d’éviter saccage et pillage.

Illustrations de tourtes du Périgord au XVIIIe siècle
Tourtes périgourdines telles qu'on les préparait au XVIIIe siècle

Quant aux-dits ustensiles en cuivre rouge, ils ont chacun leur fonction particulière.

  • La grosse bouilloire chauffe l’eau pour la cuisine aussi bien que pour le bain de chacun, grâce à sa grande contenance.
  • La tourtière permet de faire cuire la fameuse tourte périgourdine. Au creux d’une pâte épaisse de farine de maïs ou de seigle, les gens du cru disposent ce qui se trouve dans tous les fermes, même les plus modestes, et en toute saison. Du lard, des salsifis, des pommes de terre, des topinambours. Les plus fortunés y ajoutent des quartiers de volailles confits. La tourtière une fois refermée est déposée dans l’âtre et recouverte de braises ardentes. La cuisson se fait par le dessus aussi bien que par le dessous, c’est pourquoi on considère la tourtière en cuivre comme l’ancêtre du four.
  • Quant à ce grand broc en cuivre, il était utilisé pour mesurer le vin au moment du négoce. Dénommé décalitre, il peut en effet contenir précisément jusqu’à 10 litres de vin. Cette contenance a été attestée par un contrôleur qui a apposé son poinçon sur le haut de ce pichet, validant ainsi sa valeur de mesure.

Bouilloire en cuivre rouge – XVIIIᵉ siècle – Sud Ouest – [MP035]

Cette grande bouilloire en cuivre fabriquée au XVIIIe siècle dans le Sud Ouest de la France permettait, dans un domaine viticole du Médoc, aussi bien de chauffer l’eau pour les besoins des cuisines que pour ceux des bains de toute la famille.
Bouilloire en cuivre rouge – XVIIIᵉ siècle – Sud Ouest – [MP035]
On voit sous l’anse d’une grosse bouilloire en cuivre rouge du XVIIIᵉ siècle, la façon dont sa panse a été soudée. Des « queues droites » en forme de créneaux ont été découpées de part et d’autre d’une feuille de cuivre martelée, puis soudées les unes face aux autres à chaud au laiton.
Il est intéressant de noter que tous ces objets en cuivre ont bénéficié au XVIIIe siècle de la même méthode de fabrication. Ce sont des feuilles de cuivre qui sont mises en forme, martelées sur des gabarits en bois. Les assemblages se font grâce à des « queues droites » imbriquées les unes dans les autres, puis soudées à chaud au laiton.
On voit de plus près, sous l’anse d’une grosse bouilloire en cuivre rouge du XVIIIᵉ siècle, la façon dont sa panse a été soudée. Des « queues droites » en forme de créneaux ont été découpées de part et d’autre de la feuille de cuivre martelée, puis soudées les unes face aux autres à chaud au laiton.
Ces soudures sont ensuite polies afin qu’elles épousent la rondeur et la douceur au toucher du contenant culinaire. On voit clairement ces « coutures » en créneau en observant de près l’endroit des jonctions.

Dimensions bouilloire :
Hauteur : 56 cm, Largeur du bec à l’anse : 72 cm, Diamètre du contenant : 44 cm.

Référence : [MP035]

Tourtière en cuivre rouge – XVIIIᵉ siècle – Sud Ouest – [MP036]

Cette tourtière en cuivre rouge est l’ancêtre du four des cuisinières modernes. Autrefois on disposait à l’intérieur une pâte à tarte maison. La garniture était composée basiquement de lard, pommes de terre, salsifis et topinambours. Le tout était recouvert d’une deuxième couche de pâte avant cuisson.
Tourtière en cuivre rouge – XVIIIᵉ siècle – Sud Ouest – [MP036]
VENDU
Cette tourtière en cuivre rouge du XVIIIe siècle que l’on voit ici ouverte était, une fois garnie et refermée, placée sur le feu de cheminée et recouverte de braises. Ce dispositif permettait une cuisson idéale, au dessus comme au dessous, de la fameuse tourte périgourdine qui pour les grandes occasions était agrémentée de confits de canards.
Cette tourtière en cuivre rouge est l’ancêtre du four des cuisinières modernes. Autrefois on disposait à l’intérieur une pâte à tarte maison. La garniture était composée basiquement de lard, pommes de terre, salsifis et topinambours. Le tout était recouvert d’une deuxième couche de pâte. Placée sur le feu de cheminée et recouverte de braises, cette tourtière permettait une cuisson idéale, au dessus comme au dessous, de la fameuse tourte périgourdine qui pour les grandes occasions était agrémentée de confits de canards.

Dimensions tourtière :
Hauteur avec le couvercle : 24 cm, Largeur avec les poignées : 62 cm, Diamètre : 44 cm

Référence : [MP036]

Broc décalitre en cuivre rouge – XVIIIᵉ siècle – Sud Ouest – [MP037]

Ce grand broc en cuivre rouge était utilisé pour mesurer le vin au moment de le vendre. Dénommé décalitre, il peut en effet contenir précisément jusqu’à 10 litres de vin. Cette contenance a été attestée par un contrôleur qui a apposé son poinçon sur le haut de ce pichet pour valider sa valeur de mesure.
Broc décalitre en cuivre rouge – XVIIIᵉ siècle – Sud Ouest – [MP037]

Dimensions broc décalitre :
Hauteur : 46 cm, Largeur avec l’anse : 37 cm, Diamètre : 26 cm

Référence : [MP037]

La contenance précise de 10 litres de ce broc en cuivre du XVIIIe siècle a été attestée par un contrôleur qui a apposé son poinçon sur le haut de ce pichet pour valider sa valeur de mesure.
Ce grand broc en cuivre rouge fabriqué dans le Sud Ouest de la France au XVIIIe siècle était utilisé pour mesurer le vin au moment du négoce. Dénommé décalitre, il peut en effet contenir précisément jusqu’à 10 litres de vin. Cette contenance a été attestée par un contrôleur qui a apposé son poinçon sur le haut de ce pichet pour valider sa valeur de mesure.

Je suis intéressé(e)