Trois mélards orange, vert et jaune en terre cuite – XIXᵉ siècle – Puy-de-Dôme – [PA064 PA065 PA066]

C’est sur le terreau d’une tradition millénaire que ces trois beaux mélards aux proportions et aux teintes variées ont été créés. Il faut en effet se rappeler qu’au centre de l’Auvergne, au début de l’Ère chrétienne, les terres noires des plaines de Limagne ont émerveillé par leurs qualités propres les plus exigeants maîtres potiers.

L’argile kaolinique que ces terres fertiles recèlent résulte en fait des coulées de lave volcanique de la chaîne des Puys sur les sédiments fluvio-lacustres d’un ancien lac aujourd’hui asséché.

Au cours des Iᵉʳ et IIᵉ siècles après Jésus Christ, quantité d’ateliers de potiers répartis sur pas moins de 70 hectares et dotés de 500 à 800 fours vont ainsi produire en ces lieux les fameuses céramiques sigillées, destinées au service de table. Elles sont toutes en fine terre cuite rouge et estampillées de sceaux – les célèbres sigilla, pluriel de sigillum – représentant des scènes de la mythologie gréco-romaine, des combats antiques, des animaux fantastiques, etc.

C’est cette même argile rouge que les potiers du Puy-de-Dôme ont continué à utiliser pour produire jusqu’au XIXᵉ siècle les indispensables mélards. Ce sont le plus souvent de grandes jarres à huile de noix, celle-ci étant utilisée autrefois pour éclairer les logis. Ce sont parfois aussi de gros pots à confits.

Les éléments de la conception des trois mélards que nous vous présentons ici les rassemblent, tandis que certains traits particuliers les différencient. Observons-les de plus près.

Dans leur « pot commun », on reconnaît le décor traditionnel des mélards des centres potiers du Puy-de-Dôme. À savoir, un pourtour de bandelettes digitées verticales, surmonté d’une bandelette horizontale qui enchâsse la poterie sous ses anses concaves. Le tout offrant joliesse et solidité à ces pièces de grandes tailles, bien lourdes une fois remplies.

À noter que les anses sont formées à partir de boudins de terre passés dans une rouleuse, ce qui leur confère cette forme en creux sur le dessus à la cuisson.

Pour ces trois mélards, la terre rouge brique issue des plaines de Limagne dont ils sont constitués a été recouverte de différentes glaçures nuancées, obtenues par de subtils mélanges d’oxydes de fer et de décoctions végétales. On imagine la surenchère entre potiers pour parvenir aux teintes les plus innovantes. Chacun recherchait à sa manière la recette miracle pour attirer le chaland sur son étal résolument polychrome, lors des incontournables marchés de potiers qui se déroulaient dans différentes bourgades sur la « Place des Oules » qui leur était réservée. Cette dénomination se retrouve aujourd’hui encore dans de nombreux villages d’Auvergne et du Cantal.